La Toussaint

Dans nos pays de tradition chrétienne, la Toussaint marque une étape dans le défilement des mois et des saisons. C’est le moment où on peut contempler le travail accompli. Cette fête peut nous poser cette simple question : « Tout ce que tu as fait, tout ce que tu fais, tu le fais dans quel but ? Qu’est-ce que tu recherches ? » Malgré la nostalgie qui l’accompagne souvent, la fête de la Toussaint est toujours populaire, car elle nous renvoie à ceux qui nous ont précédés et que nous avons aimés. Ainsi cette fête vient raviver nos racines, dans l’amour et le travail de ceux qui nous ont précédés. Ce recueillement, ce retour à nos racines, nous oblige véritablement à nous poser la question du sens de notre vie : vers où, vers quoi, vers qui nous allons ?
La Parole de Dieu de ce jour ne parle jamais de mort ; à aucun moment, elle ne mentionne les défunts. Elle nous parle au contraire de vie, de joie, de bonheur. Elle veut nous indiquer à quel avenir nous sommes invités et quels chemins nous font parvenir au bonheur. Notre vie présente est confrontée aux divisions, à la haine, aux oppositions et à la violence. Et si nous relisons notre vie depuis la Toussaint dernière, elle n’a pas été un « long fleuve tranquille, avec la présence des évènements qui nous ont tout de même perturbés, depuis la permanence du Covid, jusqu’à la guerre en Ukraine et ses conséquences qui remettent en question notre dépendance à des sources d’énergies qui ne sont pas sans limites. Mais ce que les textes liturgiques nous proposent pour notre avenir, c’est de ne former qu’un seul peuple, le peuple de ceux qui espèrent en Dieu, qui ont confiance en son amour miséricordieux. En ce sens, la Toussaint est la fête du Peuple de Dieu, la fête de tous ceux qui essayent de voir plus loin que le moment présent. La lecture de l’Apocalypse nous propose une vision d’anticipation : « Voilà, nous dit St Jean, quel sera l’aboutissement de notre cheminement ! » Car Dieu s’est engagé à ce qu’un jour, nous soyons tous rassemblés, venant de tous les peuples, nations et générations : tous unis dans un même amour, un même bonheur, en présence de Dieu.
Et le passage d’Évangile des Béatitudes est tout aussi éloquent, puisqu’il évoque le bonheur que nous recherchons tous. Le Seigneur Jésus nous l’a promis, mais il ne triche pas avec nos sentiments, ni avec notre désir de bonheur. Cette manière de parler n’a rien à voir avec ce que nous promettent les campagnes électorales. Dans cette page, ce que Jésus nous promet n’en reste pas moins exigeant, car ce bonheur ne s’achète pas : c’est à nous de le réaliser avec la grâce de Dieu, car il est en nous.
Michel BLANCHARD, diacre